Bill Viola : rétrospective
30.06.2017 - 09.11.2017
Bill Viola (New-York, 1951), est un artiste majeur de notre temps reconnu internationalement pour son caractère pionner dans le développement de l’art vidéo, support qu’il découvrit au début des années 70 après avoir participé au programme d’Études Expérimentales de l’Université de Syracuse (New-York). Ses premières vidéos témoignaient déjà de son intérêt croissant pour la connaissance de soi, un voyage introspectif qu’il enrichira en lisant les textes mystiques et spirituels de tradition orientale et occidentale. Son œuvre évolue parallèlement à l’évolution de la technologie vidéo, et ces outils lui permettront d’explorer la condition humaine en se penchant sur des sujets comme la naissance, la mort, la transformation, la renaissance et la transfiguration, présents pendant quarante ans dans toute sa production.
Bill Viola : rétrospective présente un parcours thématique et chronologique qui suit les pas de l’artiste, remonte à ses premières expériences avec la vidéo en présentant quelques bandes monocanal aussi représentatives que Le bassin miroir (1977–79) et Quatre chansons (1976), un album qui regroupe plusieurs de ses bandes vidéo. Ces créations possèdent un contenu extrêmement poétique et abordent d’ores et déjà des aspects fondamentaux chez Viola, notamment la notion du temps et sa déconstruction, le questionnement sur l’existence, l’expérimentation avec l’enregistrement et la manipulation des sons issus de la nature et de l’environnement.
Dans les années 1980, il livre Chott el-Djerid (Portrait dans la lumière et la chaleur) (1979), dans lequel la caméra capture le paysage aveuglant du désert au moyen de téléobjectifs qui permettent de filmer des mirages et de montrer ainsi des images qui normalement échappent à l’œil. Cette étape au cours de laquelle Kira Perov (son épouse et collaboratrice pendant longtemps) commence à travailler avec Viola, est marquée par des projets destinés à la télévision, mais c’est aussi une période de transition entre sa production initiale et les installations à l’intérieur de salles qui envelopperont entièrement l’observateur d’images et de son. L’artiste commence alors à intégrer dans son travail des éléments physiques (ce qui sera récurrent dans les années quatre-vingt-dix); ses recherches concernant la perception et les questions spirituelles sont incarnées par des objets sculpturaux, visibles sur moniteurs sans carcasse face à face de Ciel et Terre (1992) et dans des œuvres de grandes dimensions, comme Un récit qui tourne lentement (1992), avec son monumental écran giratoire.
Avec l’arrivée du nouveau millénaire et l’apparition de l’écran plat à haute définition, Viola se met à réaliser des œuvres en petit et moyen format, qui feront partie de la série Passions ; notamment une étude à caméra lente sur les émotions, Abandon, et des travaux qui évoquent le temps qui passe et la succession des générations, comme La chambre de Catherine et Quatre mains, en 2001. Ces créations intimistes furent suivies de l’installation monumentale Sortir au jour (2002), comprenant cinq grandes projections murales qui partagent un espace commun et invitent le spectateur à plonger littéralement dans la lumière et à se questionner sur leurs vies et l’existence. La question de la transcendance est également présente dans son travail pour l’opéra wagnérien Tristan et Isolde (2004–05), une œuvre incroyablement complexe à l’origine de deux installations, L’Ascension de Tristan (le son d’une montagne sous une cascade) et Femme de feu, toutes deux de 2005.
Au cours de cette dernière décennie, Viola a continué à représenter l’expérience fondamentale qu’est la vie en utilisant des supports et des médiums très divers. Comme en témoigne l’utilisation de l’eau dans certaines œuvres comme Les innocents (2007), Trois femmes (2008) et Les rêveurs (2013), ainsi que son parcours du cycle de la vie, qui démarre dans l’exposition avec Ciel et Terre (1992) et se “rembobine” littéralement dans la dernière œuvre, Naissance inversée (2014).
L’exposition
Quatre chansons (Four Songs), 1976
Compilation de cinq bandes-vidéo
En couleur, audio mono
Durée totale : 33 minutes
Lévitation au parc à ferrailles (Junkyard Levitation), 3 minutes 11 secondes
Les chants de l’innocence (Songs of Innocence), 9 minutes 34 secondes
L’espace entre les dents (The Space Between the Teeth), 9 minutes 10 secondes.
La vérité à travers l’individuation de la masse (Truth Through Mass Individuation), 10 minutes 13 secondes.
Assistance technique : Bobby Bielecki
Produite en collaboration avec le WNET/Thirteen Television Laboratory de New York ; certains parties produites à Synapse, université de Syracuse, New York.
Ciel et Terre (Heaven and Earth), 1992
Installation vidéo
Dans une petite pièce, un parallélépipède de bois se dresse jusqu’au plafond, telle une colonne. Il est coupé en deux en son milieu et, dans l’espace ainsi formé, deux moniteurs – fixés l’un sur la colonne du haut, l’autre sur la colonne du bas – se font face à cinq centimètres de distance. Chacun diffuse une image vidéo en noir et blanc.
Dimensions de la galerie : 2,9 x 4,9 x 5,5 m
En boucle
Un récit qui tourne lentement (Slowly Turning Narrative), 1992
Installation audio/vidéo
Écran central rotatif, avec un côté miroir ; deux canaux de vidéoprojection à chaque extrémité de l’espace, un en couleur et l’autre en noir en blanc, dans une grande salle obscure ; son mono amplifié, un haut-parleur ; son mono amplifié, cinq haut-parleurs.
Dimensions de l’image projetée : 2,75 x 3,65 m
Dimensions de la salle : 4,3 x 6,1 x 12,5 m
En boucle
La Salutation (The Greeting), 1995
Installation audio/vidéo
Vidéo en couleur projetée sur un grand écran vertical fixé au mur dans un espace obscur ; son stéréo amplifié
Dimensions de l’image projetée : 2,8 x 2,4 m
Dimensions de la salle : 4,3 x 6,7 x 7,6 m
10 minutes 22 secondes
Performeurs : Angela Black, Suzanne Peters, Bonnie Snyder
Les Voiles (The Veiling), 1995
Installation audio/vidéo
2 projections vidéo en couleur depuis les extrémités opposées d’une grande salle obscure, à travers 9 grandes voiles
suspendues au plafond ; son mono amplifié sur 2 canaux, 4 hauts parleurs
Dimensions de chaque voile : 2,4 x 3,3 m
Dimensions de la salle : 3,5 x 7,4 x 11,5 m
30 minutes
Performeurs : Lora Stone, Gary Murphy
Sortir au jour (Going Forth by Day), 2002
Installation audio/vidéo
Cycle d’images projetées en 5 parties
Installation sur 5 canaux vidéo haute définition en couleur, vidéos projetées sur les murs d’une salle obscure ; 2 canaux de son stéréo pour 4 des panneaux ; son spatial quadriphonique pour le 5e
Dimensions de la salle : 5,2 x 9,15 x 19,5 m
34 minutes 30 secondes
L’Ascension de Tristan (le son d’une montagne sous une cascade) [Tristan’s Ascension (The Sound of a Mountain Under a Waterfall)], 2005
Dimensions de l’image projetée : 5,8 x 3,25 m
10 minutes 16 secondes
Performeur : John Hay