Non exposée actuellement

Public, Florence

2004

Thomas Struth (Geldern, Allemagne, 1954) est l'une des figures de proue de la scène artistique contemporaine et l'un des photographes européens les plus influents après la Seconde Guerre mondiale. Dans son travail, Struth ne documente pas une situation, mais part d'une observation calme qui ralentit le temps, saisissant des nuances extraordinaires et des détails visuels que seul un regard minutieux peut déceler.

Struth a connu une profonde transformation artistique, marquée par les différents contextes sociaux qu’il a vécus. Ses premières photographies, datant de 1973–1976 et prises alors qu'il était encore étudiant à l'Académie des beaux-arts de Düsseldorf, se focalisaient sur les rues de Düsseldorf. Ses séries ultérieures Rues de New York (Straßen von New York City), Lieux inconscients (Unbewusste Orte), Portraits de famille (Family Portraits), Photographies de musées (Museum Photographs), Publics (Audiences), Nouvelles images du paradis (New Pictures from Paradise) et, plus récemment, Nature & Politique (Nature & Politics) et Animaux (Animals), illustrent sa façon de travailler sur des genres très différents pour tisser entre eux des connexions inattendues, qui ne deviennent apparentes que lorsqu'il les manifeste

À la fin des années 1980, Thomas Struth se rend à Rome et à Naples et aborde pour la première fois la peinture par le biais de la photographie, disciplines qu'il réunit en se concentrant sur la manière dont les restaurateurs d'art se connectent à leurs objets d'étude, comme le montre le cliché Restaurateurs à San Lorenzo Maggiore, Naples 1988 (Restauratoren in San Lorenzo Maggiore, Neapel 1988). Cette photographie marque en quelque sorte le début de son besoin de saisir le rapport entre les spectateurs et les œuvres d'art dans des lieux spécifiques chargés de sens. C'est dans cet esprit qu'il lance plus tard sa célèbre série Photographies de musées, qui met en scène un public anonyme qui contemple, de dos, des œuvres d’art célébrissimes.

Au fur et à mesure, Struth entend élargir cette perspective. Une magnifique opportunité s'offre à lui lorsqu'en 2004, à l'occasion du 500e anniversaire du David de Michel-Ange (1501–04), la directrice de la Galerie de l’Académie de Florence, Franca Falletti, invite une série d'artistes — dont Struth — à créer une œuvre en hommage à la célèbre sculpture. Struth déplace son appareil photo et travaille pendant une semaine à saisir les visages de ceux qui regardent le chef-d'œuvre, comme si c'était David qui contemplait ceux qui le regardaient. Pour la première fois, il utilise la lumière artificielle du flash et réduit le temps d'exposition, se concentrant ainsi sur le public et occultant tout ce qui l'entoure afin de dévoiler l'instant de cette rencontre. Bien que David soit physiquement absent de la photographie, le détail de certaines photos laisse apparaître son reflet dans les lunettes de certains visiteurs.

Nous nous sentons, à la vue de ces photographies, comme des observateurs extérieurs qui scrutent les réactions du public, mais notre regard n'est pas en mesure de saisir tout ce qui se passe, comme dans la réalité, où de nombreux détails passent inaperçus face à un ensemble sans hiérarchisation comme celui proposé par Thomas Struth. Nous sommes témoins d'un kaléidoscope d'êtres humains, chacun ayant sa propre réaction et son propre langage corporel face à un chef-d'œuvre. Nous sommes aussi les spectateurs d'un passé relativement récent qui se reflète dans les vêtements du public et d’un présent marqué par la mode du tourisme culturel.

Les quatre photographies appartenant à la Collection du Musée Guggenheim Bilbao font partie de la série Public, Florence 2004 (Audience, Florenz 2004), la première de trois séries du photographe consacrées au public des musées. Dans la seconde, datant de 2005, les visiteurs admirent la Vierge à l'enfant avec des fleurs (1478–80) de Léonard de Vinci, conservée au musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg. La même année, la troisième série est terminée et porte sur la contemplation des peintures de Velázquez conservées au musée du Prado. Cette fois-ci, Les Ménines (1656), Les Fileuses (1655–16) et La Reddition de Breda (vers 1635) ne sont pas cachées, mais se partagent la vedette avec les visiteurs.

Titre original

Audience, Florenz 2004

Date

2004

Technique / Matériaux

Chromogenic Print

Crédit

Guggenheim Bilbao Museoa © Thomas Struth