Cellule (La dernière montée)
Louise Bourgeois
Cellule (La dernière montée) [Cell (The Last Climb)], 2008.
Acier, verre, caoutchouc, fil et bois, 384,8 x 400,1 x 299,7 cm.
National Gallery of Canada, Ottawa.
Photo : Christopher Burke, © The Easton Foundation/VEGAP, Madrid.
« Les objets qu’on trouve dans les Cellules sont fragiles. Le fait que, dans la plupart des cas, on ne puisse pas entrer dans les Cellules est dû à la fragilité de l’intérieur, ce qui pose un problème quand l’œuvre est présentée en public. Moi, j’aimerais que les gens puissent entrer dedans. » —Louise Bourgeois[1]
L’artiste franco-américaine Louise Bourgeois (Paris, 1911–New York, 2010), qui a vécu presque cent ans, a continué à travailler sur ses sculptures, peintures, dessins, estampes et performances pratiquement jusqu’à sa mort. Deux ans avant son décès, Bourgeois crée ainsi Cellule (La dernière montée) (2008), la dernière d’une série de Cellules qui jalonnent comme un leitmotiv son travail au cours des décennies finales de su longue trajectoire créative. Les Cellules sont une série d’installations créées à partir d’un ensemble d’objets trouvés, de sculptures réalisées par la propre artiste, de portes et d’autres structures architecturales que Bourgeois ramassait dans son voisinage. Ces installations sont peuplées de souvenirs de la vie privée de Bourgeois, comme les peurs qui la hantaient depuis son enfance[2]. Pour l’artiste, le mot anglais cell avait de nombreuses connotations, puisqu’il sert à désigner aussi bien la plus petite unité biologique d’un organisme vivant que la cellule d’une prison ou d’un monastère [3].
À la fin de l’année 2005, Bourgeois doit quitter son atelier de Brooklyn, où elle travaillait depuis 25 ans, en raison de la démolition de tout le pâté d’immeubles[4]. Toutefois, avant de déménager, elle fait démonter l’escalier en colimaçon de son atelier afin de pouvoir le réutiliser à l’avenir[5]. Cet escalier faisait en effet partie de sa vie : elle en avait commandé la fabrication dans les années 1980 et elle le montait et le descendait quotidiennement en travaillant sur ses œuvres.
Avec l’escalier en vedette, Bourgeois a créé Cellule (La dernière montée). Dans cette pièce, l’escalier apparaît entouré d’une cage en grillage métallique grâce auquel se fondent l’intérieur et l’extérieur. Sur la paroi de la cage, une étroite porte voûtée reste ouverte et invite l’observateur à entrer.
À l’intérieur de Cellule (La dernière montée), Bourgeois a placé une série d’objets chargés de signification symbolique. Par terre, deux grandes sphères en bois incarnent ses parents. Autour de l’escalier, plusieurs sphères de verre bleu ciel sembler s’élever jusqu’au ciel. Plus elles s’élèvent et plus elles grossissent, comme les bulles d’un liquide qui enflent au fur et à mesure qu’elles montent[6]. Suspendue au centre, une longue larme de couleur bleue représente l’artiste. Cette larme est perforée d’aiguilles dont les fils se tendent vers les bobines placées autour de la cage en métal, symbolisant les liens qui l’unissaient à sa famille, propriétaire d’un atelier de restauration de tapisseries auquel l’artiste a contribué dès sa plus tendre enfance. Avec Cellule (La dernière montée), au crépuscule de sa vie, il semble que Bourgeois ait créé son installation la plus optimiste, dans laquelle elle laisse derrière elle sa peur de la mort et de l’enfermement, enfin en paix avec elle-même[7].
1. http://www.db-artmag.com/archiv/2004/e/9/1/293-3.html
2. http://arttattler.com/archivebourgeois.html
3. http://www.collectortribune.com/2015/08/04/louise-bourgeois-structures-of-existence-the-cells-at-garage-museum-moscow/
4. http://www.artslant.com/ny/articles/show/2707
5. http://www.ngcmagazine.ca/exhibitions/do-undo-redo-mantra-of-a-monolithic-artist
6. Lorz et Fowle, p. 91.
7. Ibid., p. 93.
Preguntas
Montrer : Cellule (La dernière montée) (2008)
Décrivez cette œuvre de la façon la plus détaillée possible. Que voyez-vous ? Si vous deviez expliquer la pièce à quelqu’un qui ne peut pas la voir, comment la décririez-vous ? Avez-vous déjà vu un escalier similaire à celui qui apparaît dans l’œuvre ? Où ? Que vous rappellent les sphères ?
Imaginez comment vous vous sentiriez en vous promenant dans Cellule (La dernière montée). Expliquez quelles seraient vos émotions. Monteriez-vous l’escalier ? Si vous pouviez ajouter du son à la sculpture, qu’entendrions-nous en entrant dedans ?
On considère que les formes et les couleurs présentes dans cette œuvre sont symboliques. Pour l’artiste, la couleur bleue serait liée à la paix, à la méditation et à la fuite [8]. Commentez ce que signifient les couleurs pour vous. Les couleurs ont-elles une signification concrète ? À quoi cela peut-il être dû ?
La forme de spirale, comme celle de l’escalier, est également très importante dans cette œuvre. Pour Bourgeois, une spirale est une tentative de maîtrise du chaos, alors que pèse la menace de débandade et de chute dans l’abîme, de perte de contrôle[9]. Quelles autres significations à votre avis peut avoir une spirale ?
8. Ibid., p. 92.
9. http://www.tate.org.uk/download/file/fid/37633