Humains
1994Photographies et lumièresDimensions totales variables
Depuis la fin des années 1960, Christian Boltanski travaille avec des photos prises de la vie courante, cherchant à créer un art qui ne diffère pas de la vie. En ce sens, il commentait : « Pour moi, le moment fascinant se produit lorsque le spectateur n'a pas encore enregistré la connexion artistique ; plus cette association tarde, mieux c'est ». En s'appropriant de situations appartenant à la vie d'autres personnes et en les situant dans un contexte artistique, Boltanski explore le pouvoir de la photographie à transcender l'identité individuelle et à fonctionner comme témoin de rituels collectifs et de mémoires culturelles partagées.
L'œuvre Humains (Humans), personnelle et à la fois universelle si on s'en tient à ses références, est l'une des compositions de grandes dimensions créée par l'artiste en guise de monument aux morts, en une référence insinuée, mais non explicite, à l'Holocauste. Ses dimensions et sa tonalité évoquent l'atmosphère contemplative d'un petit théâtre ou d'un espace cultuel. L'installation se compose de plus de mille cent images re-photographiées à partir d'images déjà utilisées : photos scolaires, familiales, de presse ou du fichier de la police. Les photographies, éclairées et à la fois troublées par les ampoules qui pendent nues, n'offrent aucun contexte qui permettrait d'identifier ou de connecter les individus anonymes, ou de distinguer les vivants des morts, ou les victimes des bourreaux. Chacune de ces traces de vie humaine se réduit à une taille uniforme qui cherche à gêner l'identification des traits et à suggérer l'égalité des sujets des photos. La collection d'images est disposée de manière aléatoire, empêchant ainsi l'imposition d'une narrative unique. Dans ce cadre inquiétant, Boltanski mêle émotion et histoire en juxtaposant innocence et culpabilité, vérité et mensonge, sentimentalisme et profondeur.
Titre original
Humans
Date
1994
Technique / Matériaux
Photographies et lumières
Dimensions
Dimensions totales variables
Crédit
Guggenheim Bilbao Museoa