Eija-Liisa Ahtila : L’Annonciation
12.05.2016 - 28.08.2016
Eija-Liisa Ahtila (Hämeenlinna, Finlande, 1959) filma L’Annonciation (Marian Ilmestys, 2010) dans le parc naturel enneigé d’Aulanko, au sud de la Finlande, durant l’hiver 2010. L’installation se compose de trois projections reconstituant un passage très célèbre de l’Évangile selon Saint Luc (Lc 1, 26-38), qui narre l’un des thèmes les plus importants de l’iconographie chrétienne, qui fut le motif central dans certains des premiers tableaux qui surent utiliser avec succès la perspective.
Cette Annonciation contemporaine explore la nature des miracles et les possibilités de la perception et de la connaissance. L’œuvre intègre du matériel produit durant les propres préparatifs du tournage et une reconstruction fidèle de l’événement de l’Annonciation. On observe un grand contraste entre les scènes d’intérieur, qui cherchent à représenter un studio artistique – dans lequel fut construit le décor pour L’Annonciation —, et la nature de l’extérieur.
L’approche sous-jacente de L’Annonciation s’inspire d’une idée du biologiste estonien Jacob von Uexküll (1864–1944), selon laquelle les différents mondes peuplés par les êtres vivants existent de manière simultanée. Ce point de vue sert à aborder la nature des miracles et le potentiel de la perception et de la connaissance. Dans l’œuvre, les acteurs sont impliqués dans un processus de réinterprétation du sacré et de redéfinition de l’humain à travers le divin et l’animal.
Tous les acteurs humains, sauf deux, sont des amateurs. La plupart sont des clientes du service d’aide à la femme de l’Institut des Diaconesses d’Helsinki. Les acteurs animaux sont un corbeau domestiqué, deux ânes et un groupe de pigeons voyageurs d’une ferme avicole. Bien que basés sur un scénario réel, les faits, les rôles et les dialogues ont été adaptés durant le tournage à la présence individuelle de chaque acteur.
La première partie de l’oeuvre a été filmée dans le style d’un documentaire réaliste, avec des caméras numériques. Un groupe hétérogène de femmes se prépare à réinterpréter le moment de l’Annonciation, durant lequel l’archange Gabriel apparaît à Marie pour lui annoncer sa maternité divine. Avant la scène finale, nous voyons la répétition du vol de l’archange et les échanges des femmes sur les différents rôles qui leur ont été attribués. Celle qui joue le rôle de Marie apprend à monter sur un âne et s’informe sur les réactions de Marie quand l’archange lui apparut à partir de ce que transmettent les tableaux. Dans la reconstitution finale de toutes les répétitions, filmée en 35 mm, l’archange survole un jardin merveilleux et traverse une vitre pour entrer dans l’espace réel des acteurs, un moment d’intrusion angélique dans le monde ordinaire.
L’œuvre se termine par une image idyllique de la jeune femme qui joue le rôle de la Vierge Marie — qui ne porte plus le manteau bleu que nous associons aux madones de la Renaissance, — accompagnée d’un âne, pendant qu’on entend la musique de « No Place to Fall », de Townes Van Zandt.
Eija-Liisa Ahtila
L’Annonciation – Marian Ilmestys (The Annunciation - Marian Ilmestys), 2010
Installation de 3 projections, 28 min, 25 s
Son DD5.1, original en finnois sous-titré en anglais.
Courtoisie de l’artiste et de la galerie Marian Goodman, New York, Paris, Londres