Nouveaux rôles, nouveaux modèles
Galerie 206
La nouvelle représentation des rôles des hommes et des femmes est étroitement liée à la Première Guerre mondiale et à ses conséquences. Alors que les hommes se battaient au front, les femmes acquéraient de nouvelles libertés sociales, tant dans le travail que dans la vie privée, et, par là même, une certaine autonomie. L'introduction progressive du droit de vote des femmes dans de nombreux pays européens à partir de 1918 en a été la manifestation la plus symbolique. Cette transformation s'est ostensiblement reflétée dans la mode de l'époque. Chez les hommes, la barbe a fait place aux cheveux rasés et gominés, le chapeau melon a remplacé le chapeau haut de forme et le costume plus décontracté, à la coupe courte élégante, a remplacé la redingote rigide. Chez les femmes, les cheveux courts faisaient un ravage, tout comme les robes arrivant aux genoux et sans tour de taille, ou encore la cigarette occasionnelle que les femmes fumaient en prenant des poses élégantes. Dans toute l'Europe, les romans et la littérature scientifique bousculent les mœurs sexuelles conventionnelles et brisent les tabous entourant les soit-disantes "perversions". Le best-seller de Victor Margueritte, La Garçonne, est édité à Paris en 1922, avec des illustrations de Kees van Dongen ajoutées en 1925, la même année de la sortie à Berlin du roman d'Alexandra Kollontai, Wege der Liebe (Les voies de l'amour). Kollontai estimait que la passion et l'amour ne définissaient que certaines phases de la vie de la "femme moderne et active" et qu'une femme pouvait parfaitement être mère sans être mariée. Cette décennie est marquée par l'émergence de nouvelles professions, comme le secrétariat, et par la remise en question de la définition des emplois traditionnels.