LA VIE DES SIGNES
SALLE 306
Les expériences calligraphiques constituent une vaste part de la production graphique de Michaux. Fasciné par les écritures orientales et notamment par les idéogrammes chinois, l’artiste travailla depuis ses débuts dans la création d’alphabets inventés, sans corrélat phonétique ni sémantique. Ces signes sont, selon Michaux, une poésie toujours incomplète, une littérature du geste et de l’élan et de la danse du trait. De plus, le voltigement des signes suit un principe rythmique continu : chaque dessin est à la fois explosion et courant, un « trajet » dans de multiples directions. Michaux cultiva son intérêt pour les écritures picturales et à la fois sa passion pour les rythmes et les sonorités. De sa pratique musicale, dont il était amateur, il ne reste pour seul témoignage que ses dessins, qui semblent parfois des partitions. Ces œuvres dégagent une littérature abstraite et intime, où les traits sont des figures et des personnages toujours changeants. Souvent, ces signes sont séparés à l’image des lettres. À d’autres moments ils développent des caractéristiques animales ou totémiques, ou encore, comme durant la période d’expérimentation avec des substances psychoactives dans les années cinquante et soixante, les traits se multiplient sur de grandes surfaces en papier, en acquérant des connotations qui les rapprochent des pratiques de lExpressionnistes abstrait.