L'AMBIGUÏTÉ DU VIDE
SALLE 206
L’intensification de la course vers l'espace va de pair avec le développement de la mondialisation. Depuis le milieu des années soixante-dix jusqu’à l'ère numérique qui a commencé dans les années quatre-vingt-dix, les propositions artistiques qui remettent en question la légitimité de l'abstraction prolifèrent sur les cinq continents. Il est difficile de savoir si parler d'une forme consiste à parler du vide qui l'entoure et qui lui permet d'exister ; si la voûte céleste n'est pas simplement une surface noire éclaboussée d'émail blanc. Les œuvres sélectionnées ici proposent un parcours en zigzag à travers l'ambiguïté élémentaire de l'espace.
Certains artistes de cette période ont à leurs débuts repris la tradition plastique de l'abstraction – dans toutes ses formulations : constructiviste, néo-concrète, minimaliste – sans permettre que leur pratique soit étiquetée ou rattachée à des courants ou mouvements particuliers. Dans les œuvres de Waltercio Caldas, Mary Corse ou Prudencio Irazabal, la matière plastique suscite des rencontres s’apparentant au mirage, tandis que Vija Celmins explore les surfaces du ciel ou de l'océan en quête d'une suppression de toute perspective et échelle. La rencontre aléatoire de l’œuvre de Celmins avec Tableau (Blackboard) de General Idea souligne la frontière entre figuration et l’objet readymade. Les œuvres d'Isa Genzken et de Zarina Hashmi montrent par ailleurs la tension entre la maquette et le fragment, entre ce qui a été trouvé et ce qui a été construit. Dans le cas de Susana Solano, l'idée d'une colline creuse relie des motifs liés à l'intérieur, comme l’arche ou le sous-sol, aux motifs qui font allusion à l'extérieur, soit une vallée soit une montagne à l'envers.