De nouvelles façons de voir les choses
Galerie 207
Lorsque nous parlons de "nouvelles façons de voir", nous avons tendance à penser aux années 1970, lorsque les téléviseurs sont devenus monnaie courante pour les ménages occidentaux. Mais dans les années 1920, la vitesse — sous la forme d'une mobilité accrue (l'automobile), de nouvelles méthodes de travail dans les usines (la chaîne de montage) et de nouveaux moyens de communication (la radio) — avaient déjà transformé la façon dont les gens appréhendaient les choses. Le cinéma et la photographie, disciplines jusqu'alors largement ignorés par le monde de l'art, vont gagner en reconnaissance et devenir de plus en plus expérimentaux. La querelle entre les partisans de "l'art figuratif/Nouvelle Objectivité" et les partisans de "l'abstraction/Constructivisme" s'achève, ou du moins se fige, au début des années 1930. En 1920, le metteur en scène Walter Ruttmann déclarait : "La spécificité du temps découle fondamentalement de la ’vitesse‘ de notre époque [...] Ainsi, l'objet de notre réflexion est désormais l'évolution temporelle et la physionomie de la courbe, soumise à une transformation continue, et non plus la juxtaposition rigoureuse de points isolés". Les expériences les plus audacieuses dans le domaine de la photographie ont été menées par Man Ray et László Moholy-Nagy, comme en témoigne l'exposition Film und Foto ("FiFo"), dont Moholy-Nagy fut l'un des commissaires et qui, après son ouverture à Stuttgart en 1929, transita, après Zurich, à Berlin, Danzig, Vienne, Zagreb, Munich, Tokyo et Osaka. L'importance de cette exposition réside dans le fait qu'il s'agit de la première occasion où le film et la photographie sont exposés ensemble, un parallélisme qui aujourd'hui, à l'ère de l'omniprésence du smartphone, nous semble aller de soi.