005 Oldenburg The Old Damp Flag 23 10

La Rue et les Drapeaux

Drapeau (vieille décharge) [The Old Dump Flag], 1960
Bois
22,2 x 27,3 x 7 cm
Claes Oldenburg et Coosje van Bruggen
VIE-COL-BIO (2186)
116.09

« Je suis pour un art qui se mêle aux déchets quotidiens et, même ainsi, tienne son rang. »

—Claes Oldenburg (1)

À la fin des années 1950, après une décennie dominée par l’Expressionnisme abstrait et ses œuvres centrées sur le processus même de peindre, un groupe d’artistes commence à se manifester en faveur d’un retour aux images de la vie réelle. Alors que de nombreux créateurs, tels Andy Warhol (1928–1987), se sentent attirés par les images des médias et de la publicité, Oldenburg, d’origine suédoise, est fasciné par les objets quotidiens qui l’entourent dans le Lower East Side, quartier new-yorkais qu’il considère sa demeure.

En 1960, Oldenburg crée un environnement qu’il intitule La Rue (The Street). La Rue remplit toute une galerie de sculptures faites de carton, de papier d’emballage, de fragments de journaux, de tissus, de bouteilles et d’autres détritus. Couverts de lignes et de taches de peinture dégoulinante d’allure expressionniste, ces objets rappellent les graffitis. Certains pendent du plafond, d’autres apparaissent sous les pieds, et des papiers froissés jonchent le sol comme ceux jetés dans la rue. Les visiteurs de la galerie déambulaient parmi des objets qui reflétaient la vie urbaine telle qu’Oldenburg l’observait dans le Lower East Side : des voitures, un avion, des passants, des panneaux de signalisation, un chient en train d’aboyer, une vitrine, un cireur de chaussures, un cycliste, un homme avec un bâton et une série de figures armées de pistolets laser (un motif repris par Oldenburg tout le long de sa carrière). L’œuvre d’Oldenburg abordait les thèmes qui hantent le nouveau capitalisme dévorant de l’après-guerre : le travail, l’argent, l’économie, la pauvreté, l’alcoolisme, l’isolement et le manque de communication (2).

La Rue servit de cadre à une performance, intitulée Instantanées de la ville (Snapshots from the City), de 1960, dans laquelle Oldenburg apparaissait revêtu de morceaux de papier et de lambeaux de tissu enroulés comme des bandages et étendu sur le sol avec une bouteille d’alcool à la main. De son côté, Patty Muschinski (plus tard Patty Mucha, née en 1935), son épouse à l’époque, apparaissait vêtue, selon l’expression d’Oldenburg, comme une « fille des rues » — un type de personnage déjà présent dans l’installation —, et ensemble ils exécutaient une danse rituelle sous des lumières clignotantes. Pour les assistants, la performance semblait illustrer la description donnée par Oldenburg de toute l’installation : « Maintenant pour moi il est clair qu’il s’agit d’un cauchemar, de mon cauchemar personnel » (3).

À l’été 1960, Oldenburg laisse derrière lui la bruyante agitation de la ville en s’installant à Provincetown (Massachusetts) dans une communauté d’artistes et d’écrivains proche de la mer. C’est là qu’il crée la série Provincetown Flags (Drapeaux à Provincetown), de 1960, qui reconstruit le symbole de la nation adoptive de l’artiste, le drapeau américain, à base de morceaux de bois recueillis sur la plage. En avril 1960, il écrit : « Je vais présenter ma vision du monde dans une série de ‘grands symboles’ : d’abord la rue, ensuite peut-être le jardin ou la plage, etc. » (4). Les matériaux simples et primitifs qu’il emploie dans cette série contrastent fortement avec les déchets urbains de La Rue et, à la différence de ceux-ci, semblent représenter le côté rustique et naturel de la vie.

1. Jörg Wolfert, brochure de l’exposition Claes Oldenburg: The Sixties, version anglaise, traduction Cynthia Hall, Vienne : Museum Moderner Kunst Stiftung Ludwig Wien, 2012, p. 4.

2. Cf. Hochdörfer et Barbara Schröder (éditeurs), Claes Oldenburg : les années soixante. Bilbao : Guggenheim Bilbao Museoa ; Munich: Delmonico Books, 2012, p. 31.

3. Ibid.

4. Ibid., p. 38.

Preguntas

Montrez aux élèves une photographie du drapeau américain et demandez-leur de penser aux choses qu’ils associent à cette image. Écrivez ces associations au tableau.

Puis montrez-leur l’œuvre d’Oldenburg Drapeau (vieille décharge) [The Old Dump Flag], 1960, et demandez-leur de former des groupes de deux pour comparer l’authentique drapeau américain à la version d’Oldenburg. Demandez-leur de comparer les images en termes de proportions, matériau, couleur, mouvement, forme, etc. En quoi la forme du drapeau d’Oldenburg se distingue-t-elle de celle du drapeau réel ?

Racontez aux élèves qu’Oldenburg confectionna de nombreux drapeaux en 1960 avec des matériaux tels que du bois ramassé sur la plage ou du carton. Drapeau (vieille décharge) est réalisé en bois. Comment les matériaux utilisés ont-ils une influence sur les associations que l’image suggère aux élèves ?

Oldenburg a créé ces drapeaux peu après avoir terminé un projet baptisé La Rue, dans lequel l’artiste réalisait des sculptures à partir des choses qu’il voyait quand il vivait à New York, comme les voitures, les panneaux de signalisation et les vitrines. Comme il l’a déclaré, « Je vais présenter ma vision du monde dans une série de ‘grands symboles’ : d’abord la rue, puis peut-être le jardin ou la plage, etc. » (1). En quel sens Drapeau (vieille décharge) fonctionne-t-il comme un « grand symbole » ? De l’avis des élèves, que pourrait symboliser cette œuvre, si tant est qu’elle symbolise quelque chose ? Sur quels thèmes se centreraient les élèves s’ils devaient créer de « grands symboles » de leur propre communauté ? Demandez-leur d’élaborer ensemble une liste de possibilités, puis, en classe, de commenter quels sont les symboles qui pourraient être les plus représentatifs de leur communauté et pourquoi.

1. Ibid.