Ombre et bouche
1997/2017Résine de polyester, tissu, pigment, bois et moteurDimensions selon emplacement
Juan Muñoz s'est rendu célèbre grâce à ses énigmatiques sculptures de figures humaines, étranges et inquiétantes. Ses installations ressemblent à des scènes peuplées de personnages affligés, qui suggèrent des histoires de conspiration, de désespoir et de solitude. Malgré le caractère souvent troublant de son œuvre, Muñoz a su refléter avec cohérence tout le spectre émotionnel de la condition humaine, depuis l'absurde et l'irrationnel jusqu'à l'ironie et l'humour. Séparément ou en groupes, fondues dans le bronze ou en résine, les figures — inspirées des marionnettes de ventriloques, des nains et des clowns de fête foraine — sont modelées avec un naturalisme simpliste et nous semblent presque réelles, bien qu'adoptant souvent des positions impossibles, comme lorsqu'elles sont assises sur des chaises suspendues au mur ou pendues la tête en bas. Depuis qu'il commença à exposer son œuvre à la fin des années 1980, les supports utilisés par Muñoz pour élaborer ses mises en scène ont peu à peu évolué, passant des petits éléments architecturaux ajoutés aux intérieurs des salles d'exposition à ses débuts aux grandes installations qui remodèlent et transforment l'espace, en coupant les murs ou en ajoutant de faux planchers.
Jusqu'à sa mort brutale à l'âge de 48 ans, Muñoz a travaillé sans interruption à la création d'un ensemble d'œuvres qui réussissaient à attirer, physiquement et émotionnellement, le spectateur. Ses créations peuvent être considérées comme des sortes de drames figés dans le temps. Ombre et bouche (Sombra y boca) suggère un développement narratif qui expose ou représente peut-être le moment qui suit une discussion, un affrontement ou une accusation. La pièce est caractéristique du travail de l'artiste par son utilisation d'éléments familiers en guise d'accessoires (ici, des meubles courants) dans des scènes vaguement surréalistes et pas du tout explicites. Les figures assises ne se regardent pas et, enfermées dans leur propre monde, privent le spectateur de la possibilité d'établir un contact avec elles. Cet état d'isolement et d'incertitude constitue une puissante métaphore de l'ambiguïté et de la complexité que nous retrouvons dans la vie contemporaine.
Titre original
Shadow and Mouth
Date
1997/2017
Technique / Matériaux
Résine de polyester, tissu, pigment, bois et moteur
Dimensions
Dimensions selon emplacement
Crédit
Guggenheim Bilbao Museoa