ENTRÉE DANS UNE EXPOSITION (1990/2018)
Esther Ferrer explique l'esprit et l'intention de son œuvre Entrée dans une exposition comme suit:
La peau enveloppe la vie, c'est le premier vêtement de l'être humain, c'est la frontière entre deux mondes et, comme l'écrivait Valéry, “Ce qu'il y a de plus profond dans l'homme". Mais la peau est aussi la chose la plus superficielle de l'homme, un terme renvoyant à la "surface", et par extension au faciès ("visage"). Notre peau est comme la surface d'un miroir qui reflète cette profondeur dont parle le poète.
La peau, soumise à l'amour ou à l'agressivité, à la mémoire, support rituel, objet de discrimination, est aussi une source d'information de notre état physique et mental difficile à contrôler ; certains diront même qu'elle est "le miroir de l'âme". De plus, et surtout, la peau est la porte d'entrée de nos sensations, grâce aux interactions entre la peau et le système nerveux qui les transmet au cerveau.
L'installation Entrée dans une exposition a pour but de sensibiliser chacun à sa propre peau en rentrant en contact avec un élément extérieur, en l'occurrence la sensualité des plumes. C'est une œuvre conçue dans le but d'éveiller les sensations, de stimuler la réceptivité du spectateur et d'augmenter sa capacité de perception, de le mettre dans un état de "vigilance" agréable et ainsi le préparer au reste de l'exposition. Il s'agit de ressentir, et pas de penser; le reste de l’exposition s’en chargera.
Ferrer cherche à différencier clairement l'expérience sensorielle générée par cette œuvre et l’autre type d'expérience que propose le reste de l'exposition. Ce qui est montré par la suite dans l'exposition, est en revanche dominé par la sobriété, par une matérialité minimale, par le développement d'idées et de concepts abstraits, à l’instar des schémas mathématiques qui sont sous-entendus dans Projets spatiaux.