Donna De Salvo
Donna De Salvo, Andy Warhol Retrospective (Londres : Tate, 2001), 50–51.
« Parce que Warhol était un artiste connu à l’époque pour ses toiles représentant des personnalités célèbres et parce qu’il avait exploité avec un grand succès le contenu provocateur et référentiel, Ombres fut sans doute considérée comme une anomalie. On a défini la série Ombres comme une déclaration existentielle, comme le tout et le rien, comme quelque chose de fugace, de variable et de tout aussi intangible que les vraies ombres. Et aussi comme une réflexion sur le propre fait de peindre. Mais elle est invariablement classée comme une œuvre de sa dernière étape, avec les toiles Rorscharchs, Camouflage et Oxydation… Chaque stratégie visuelle appliquée à ces tableaux est identique à celle qu’il avait utilisée dix-sept ans auparavant. Comme pour ses premiers tableaux imprimés en sérigraphie, on a cru au départ que toutes les toiles étaient pareilles— en raison de la répétition du motif de l’ombre—, mais en réalité elles ne le sont pas. Notre regard va de toile en toile de manière instinctive, cherchant un supplément d’information.
La différence réside dans la couleur et dans la détermination du tracé, réalisé avec un balai-éponge et des mailles d’écran. Les combinaisons de couleur et l’arc variable de l’ombre conspirent pour créer un champ captivant et hypnotique. La sensation est celle d’une pure beauté transcendante ».
Julian Schnabel, ‘Shadow Paintings’ dans Cat. Expo., New York, Galerie Gagosian, Andy Warhol: Shadow Paintings, 1989
« Sa façon d’utiliser la maille d’écran comme un pinceau additionnel est le symbole imprimé de son comportement. Et sa décision de sélectionner et d’agir sans interprétation, sans explication, a été la négation totale du sentiment. Aucun autre peintre n’a atteint ce niveau de radicalité gestuelle et d’auto-négation… Ces tableaux nous enveloppent comme l’ombre de la limite de la vie. Ces tableaux sont la touche d’Andy Warhol, sa distance…Ils contiennent beaucoup de choses, toutes les images des tableaux d’Andy traversent la lumière et l’ombre de ces toiles, réaffirmées et exprimées dans cette vision du fait existentiel. »