Victor Vasarely, Lacerta, 1955-79
La peinture abstraite, qui provient de la peinture sur chevalet, s'achemine vers la répétition [...] L' époque des solutions strictemente bidimensionnelles touche à sa fin1.
L'une des tendances abstraites de l'après-guerre, l'Art Optique, qui s'est surtout développée en Europe, avait une orientation scientifique, objective et interactive. Les artistes optiques créent des œuvres non figuratives avec des lignes, des formes et des couleurs agencées pour créer une illusion de mouvement, d'espace et de lumière. Ces travaux, pour la plupart géométriques, se focalisent sur la perception de l'observateur et sur les transformations optiques plutôt que sur un objet précis.
Né en Hongrie, Victor Vasarely (1908-1997) a été l'un des chefs de file de l'Art Optique en Europe. Il abandonne ses études de médecine à vingt ans pour se consacrer à l'art. Installé à Paris, il connaît du succès comme graphiste publicitaire avant de s'orienter vers la peinture. Au début des années 50, ses peintures abstraites déploient de grandes formes géométriques inspirées de carrelages, de formes naturelles et d'éléments paysagers ; mais vers le milieu de cette décennie il abandonne le naturel en faveur de l'abstraction pure en prenant comme source la géométrie, les relations chromatiques, les systèmes mathématiques et la psychologie de la Gestalt, une école de psychologie qui a jeté les bases de l'étude moderne de la perception2. Vasarely est aussi connu pour sa défense des concepts de l'Art Cinétique, qui cherche à créer une sensation de mouvement au travers d'illusions optiques sur une superficie plane. Ses toiles sont autant de jeux optiques, parfois si poussés qu'ils parviennent à faire tourner la tête ou à gêner le spectateur.
Vasarely a travaillé sur Lacerta entre 1955 et 1979, une période au cours de laquelle son style et ses centres d'intérêt évoluent. Mais les qualités optiques de cette œuvre rappellent celles de l'époque qui commence en 1968 : la disposition des éléments de la composition crée l'illusion que les formes sortent du plan pictural et prennent l'allure de volumes tridimensionnels3.
1 Gaston Diehl, Vasarely, trad. anglaise d'Eileen B. Hennessy, New York, Crown Publishers, Inc., 1979, p. 41.
2 Guggenheim Education Resource, National Gallery of Victoria, dernier accès : 29 juin 2011.
3 Victor Vasarely: Works and Biography, Peggy Guggenheim Collection, dernier accès : 29 juin 2011.
Preguntas
- Demandez à vos élèves quel est à leur avis le sens d’« lllusion optique » en essayant de le définir ensemble. Dites-leur que certains artistes l’ont utilisée dans leur art. Demandez-leur ce qui les intéresse, les trouble ou leur plaît des illusions optiques.
- Observez Lacerta de Vasarely. Demandez à vos élèves ce qu’ils perçoivent. Demandez-leur de décrire l’oeuvre en employant des termes mathématiques comme symétrie, sphère, tridimensionnel ou axe.
- L’oeuvre est organisée en quatre quadrants. Demandez aux élèves de décrire la relation des quadrants. Qu’ont-ils en commun ? En quoi sont-ils uniques ?
- L’Art Optique peut créer l’illusion d’un objet en trois dimensions et/ou en mouvement. Perçoivent-ils le mouvement dans cette œuvre ? Si c’est le cas, demandez-leur de le décrire et d’essayer d’identifier comment Vasarely a créé cette illusion sur une surface plane.
- Demandez à vos élèves comment ils intituleraient ce tableau et pourquoi. Ensuite, dites-leur son nom : Lacerta. Ce mot, qui est le nom d’une petite constellation, signifie « lézard » en latin. Quelle relation peuvent-ils établir entre le titre et l’œuvre ?
- En 1954, Vasarely déclarait que ses compositions pouvaient être considérées comme quelque chose de « plus qu’une peinture ». Même si les formes et les couleurs restent sans volume sur le plan pictural, elles provoquent des effets perceptibles « au-delà du plan et à l’intérieur de lui »1. Demandez à vos élèves de relier cette affirmation à l’œuvre. Dans quel sens les compositions de Vasarely sont-elles plus que des peintures ? Comment créent-elles des effets au-delà de la surface picturale plane ?1
Gaston Diehl, Vasarely, trad. anglaise d’Eileen B. Hennessy, New York, Crown Publishers, Inc., 1979, p. 31.